Après ma lecture du Théâtre d'intervention aujourd'hui, dans la continuité de mon intérêt pour cette pratique qui cherche à lier un art à un travail social, je me suis tourné vers un ouvrage qui reste une référence sur ce sujet.

Après avoir sillonné l'Amérique latine, pendant plus d'une dizaine d'années, avec de multiples expériences mêlant le théâtre à l'activisme politique, Augusto Boal écrit le Théâtre de l'opprimé au début des années 70. Il théorise sa pratique en se donnant comme priorité la transformation du spectateur en acteur. À son sens, le spectateur est passif, victime, et il faut retourner cette situation. Il conçoit ainsi une suite d'exercices comme par exemple le théâtre-image ou le très connu théâtre-forum.

Dans l'entretien «Au peuple les moyens de production théâtrale» (1977) il résume ses intentions :
«Il nous faut donner au spectateur la possibilité d'essayer les actions révolutionnaires ; en espagnol ensayar, répéter, tester, vérifier avant l'action vraie, la fiction avant la réalité. […]
Si tu agis l'action réelle dans un cadre fictif, c'est une répétition de l'action, ce n'est pas l'action elle-même ; en tant que telle, une action tout de même,
mais qui ne te donne pas le sentiment d'en avoir terminé avec l'action réelle. Elle stimule ta volonté d'accomplir, t'en fait éprouver l'envie. Tout ceux qui ont essayé cette technique l'ont aimée ; elle leur prouve qu'ils peuvent l'utiliser et ils en ont envie dans ses prolongements aussi.
Je suis intéressé par toutes les formes de théâtre qui libèrent le spectateur. Qui les rend protagonistes de l'action dramatique et, comme telle, leur permet d'essayer des solutions pour leur permettre de se libérer.»

L'ouvrage n'est pas très excitant à la lecture, avec des textes qui intellectualisent vigoureusement son travail. Les éléments de pédagogie restent les plus convaincants même si l'autorité du ton et la démarche théorique pour le moins solitaire en laisseront plus d'un perplexes.

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C'est édité par La Découverte.