L'option communication des Arts déco Strasbourg va dans le mur

En France, la mise à sac des services publics dont Sarkozy s'est fait le Cortez, semble avoir fait des émules…

Si dans les métiers de la communication on connait le chef-lieu de l'Alsace, c'est en grande partie à la gloire de l'école des Arts décoratifs de Strasbourg, qui peut se targuer de former parmi les plus brillants graphistes et illustrateurs en France. Tandis que pour la bédé (indépendante!), c'est tout simplement la meilleure école.
Malheureusement, une telle réussite ne pouvait que susciter la jalousie, et c'est sans trop de surprise que cette vivifiante option communication a trouvé ses pires ennemis à l'orée du couloir ; le directeur de l'école, Otto Teichert, explicitement courtisé par les enseignants de la tiédasse option art, a décidé — sans pression extérieure — d'asphyxier l'option comm' en réduisant son nombre d'étudiants et son nombre d'enseignants.
Bravo. Quel courage.



Étudiants et professeurs ont décidé de ne pas se laisser ainsi mener en bateau par cet ex-commissaire — futur bourreau? Le site ouallonsnous-esads.fr développe la situation et leurs positions.
Pierre di Sciullo a d'ores et déjà donné sa démission, suite au pourrissement qu'il constate déjà depuis 3 ans dans l'option (depuis que le fameux directeur est en poste) et au projet de réforme qui vient couronner la farce. Je copie-colle ci-dessous les extraits de sa lettre de démission disponible ici.



« Monsieur le directeur,
[...] la transversalité, je n'en parle pas mais je la pratique, professionnellement et pédagogiquement. [...] L'opposition entre art et graphisme, je laisse cela aux ringards et aux incultes. Cette conviction de l'enrichissement mutuel des pratiques est partagée dans cette école par ceux qui voient plus loin que le bout de leur nez.
[...]Je résume vos intentions pour cette section : diminuer de près d'un tiers le nombre d'étudiants, réduire considérablement les heures de chargés de cours, tarir les entrées d'étudiants en équivalence.
[...] Tout le monde s'interroge sur vos motivations, pourquoi vous entreprenez une telle saignée, nuisible pour l'ensemble de l'école. Car en vue de l'EPCC, les filières professionnalisantes sont particulièrement structurées en comm. La recherche aussi. Nos anciens étudiants d'illustration, de didactique et de graphisme, je les rencontre partout dans le milieu professionnel. Une majorité des candidats qui se présentent à notre concours d'entrée souhaitent entrer en comm, afflux qui irrigue la totalité de l'école. Comment croyez-vous qu'ils vont réagir en apprenant que les places seraient drastiquement réduites à Strasbourg, au moment où les autres écoles, tout au contraire s'efforcent d'augmenter leur capacité d'accueil ?
A la mairie de Strasbourg et au ministère de la Culture, on se défend d'une quelconque restriction budgétaire.
C'est pourquoi, Monsieur le directeur, vos projets pour l'option comm suscitent l'incompréhension et la colère parmi nombre d'enseignants et d'étudiants. Vous a-t-on conseillé ? Je doute alors que ce soit dans le souci de l'intérêt général.
[...] Le décalage entre notre réputation nationale et les conditions concrètes d'enseignement, est saisissant : locaux vétustes et exigus, pas de pôle impression dans le bâtiment, absence de connexion internet (on croit rêver...).
La possibilité d'inviter des intervenants extérieurs (conférenciers, workshops) pour la comm est en régulière régression depuis 3 ans. Je ne peux cautionner cette dérive et c'est pourquoi je vous présente ma démission. J'honorerai bien entendu mon contrat jusqu'à son terme qui est l'année scolaire en cours.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le directeur, l'expression de mes salutations distinguées. »
Pierre di Sciullo

PS : Les photos témoigne de l'action menée récemment ; quelques révoltés ont littéralement muré l'entrée de l'annexe de l'école, annexe où sont réunis les locaux de l'option comm' (salles de didactique visuelle, illustration et design graphique).