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Workshop Manifeste à l'école d'art de Bayonne



L’École d’art de Bayonne (ESAPB) nous a invité du 21 au 24 janvier pour proposer un workshop et présenter le travail de FV pour les étudiant·es. Sur ma longue route pour Brest, je m'y suis donc rendu. Un vrai plaisir que ces quelques jours dans cette petite école atypique et très chaleureuse, où les trois classes de prépa (art et design) cotoient les enfants et adultes des ateliers tout public, où l’on croise des élèves de l’école de musique, tout ce petit monde cohabitant dans un ancien séminaire augmenté de grandes salles lumineuses, idéales pour la pratique plastique.

L’idée du sujet m’est venu de l’ami Ali, me racontant son plaisir à investir une partie de ses cours à Paris VIII pour réaliser avec les étudiant·es des banderoles dédiées aux manifs parisiennes. Mais bien sûr! Dans le contexte politique bouillant (Gilets Jaunes toujours debout, impressionnantes grèves et manifs contre la réforme des retraites, actions écologistes et féministes toujours plus nombreuses…), j’ai proposé aux étudiant·es de créer leurs propres objets de manifestation. Réunis en groupe par affinités politiques (après un petit temps d’écriture), à eux·elles d’inventer des formes pour rejoindre les cortèges, de multiples médiums (et matériaux) étant possibles : scénographie, image, costume, objet…

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Workshop à l'école Estienne



Du 11 au 14 juin, l’école Estienne (Paris) nous a invité a proposer un workshop aux étudiant·es de la 1e année du «DN MADE», diplôme sur trois ans qui remplace le BTS design graphique (en intégrant la précédente année de prépa). Un atelier intensif avec de toutes jeunes personnes, en début de parcours dans le champs de l’image et de la communication. J’y ai vu la possibilité d’une sorte de pré-summer class foisonnante, pour réfléchir et travailler sur l’image dans un sens généreux et ouvert, de proposer des méthodes de travail un peu déboussolantes et partant d’expériences sensibles, d’amener des matériaux politiques aussi pour orienter le sens de nos discussions. Je suis arrivé avec plein de bribes de sujets et finalement nous avons procédé ainsi :
• Les trois premières journées commençaient par la projection d’un film sur un sujet social. Lundi nous avons regardé Chats Perchés de Chris Marker (qui dépeint l’agitation sociale depuis Paris en 2002), mardi nous avons regardé un large extrait de La Domination Masculine de Patric Jean (2007) et mercredi nous avons regardé #67 de Jean-Gabriel Périot (à propos des « tomates de merde »).
• Pour échanger autour de ces films, exprimer ce qu’on en a compris et ce qu’ils nous évoquent, on se réunit par groupe de trois personnes. Puis à tour de rôle, chacun·e dans le groupe raconte aux autres un souvenir de son histoire personnelle en lien avec le sujet du film. Les souvenirs sont notés sur petits bouts de papier.
• Les souvenirs retranscrits sont réunis puis chacun·e en pioche un.
• Ce souvenir est une matière première pour travailler maintenant de l’image. Mais tout compte fait, on peut le laisser un peu de côté, dans l’idée première d’expérimenter tout azimuts de la forme, de la matière, de la couleur (plutôt que de chercher à illustrer le souvenir, gare au hiatus!). J’essaye d’amener chacun·e vers des formes qui me touchent, en leur amenant par exemple des références d’artistes que m’évoquent leurs recherches (on peut se sentir libre de copier). On travaille format carte postale, entre A6 et A5, des petits formats pour pouvoir produire assez rapidement et étaler facilement ses recherches pour une vue d’ensemble.
• Après trois cycles film + souvenirs + recherches graphiques (rythmé par une projection quotidienne d’images en guise d’entracte), on se pose devant ses esquisses pour en sélectionner une avec moi, la pousser et la faire passer à un grand format tout en faisant arriver le texte. Chacun·e ayant collecté trois souvenirs, on est libres d’associer l’un de ces textes (ou bout de textes) avec la piste visuelle qu’on juge la plus intéressante ; il faut faire sens! On travaille au format affiche (~A2) en vue d’un « rendu ».
Cette version finale, si elle permet de donner le sentiment du travail accompli, n’est pas pour moi le plus important de ces quatre jours de travail, de découvertes, de paroles, de rencontres. C’est le cheminement qui compte. Caminante no hay camino (A. Machado)

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Avec le Théâtre des 13 vents, centre dramatique national Montpellier, deuxième saison



En mars nous entamons un travail de recherche graphique pour accompagner la seconde saison de l’équipe de Nathalie Garraud et Olivier Saccomano, au Théâtre des 13 vents. Le début d’un patient travail pour aboutir à une nouvelle série d’images qui vont rythmer visuellement le programme de saison et la communication pendant toute la saison. Nous affinons en parallèle les supports d’après les retours récoltés au fil de la première saison.
Après avoir dessiné en 2018 une toute nouvelle esthétique pour les 13 vents, cette année comme les prochaines doivent permettre d’affirmer cette identité visuelle qui appuie le travail de toute l’équipe et les choix des directeur·ice, qui eux-mêmes prennent leur sens dans le temps, saison après saison.
Début juin, le programme de saison est imprimé chez CCI (Marseille) puis quelques jours plus tard c’est au tour de l’affiche de saison chez Lézard Graphique (Brumath). Pour cette nouvelle année nous travaillons en CMJN enrichi aux encres fluo. Le site des 13 vents est à jour (grâce à Waldeck Néel) avec le programme complet et les images. La saison est présentée le 12 septembre pendant qe les affiches sortent.

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Nous travaillons avec le Théâtre des 13 Vents, Centre dramatique de Montpellier



Nathalie Garraud et Olivier Saccomano ont pris la direction du centre dramatique de Montpellier en janvier dernier, accompagnés de leur troupe de comédien·ne·s (ex-Compagnie du Zieu), Jessica Delaunay, un ensemble d’artistes associés, et bien sûr l’ensemble de l’équipe du CDN déjà en place (précédemment dirigée par Rodrigo Garcia pendant un mandat). Suite à une consultation, nous avons rejoint l’équipe du théâtre pour travailler sur l’ensemble des documents de communication ; une nouvelle identité visuelle, un programme de saison, des visuels, un site Internet, des programmes mensuels, une newsletter, l’habillage du hall d’accueil, une signalétique extérieure…

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Minuit avant la nuit



Cet hiver, La Lune des Pirates (joli nom!), labellisée scène de musiques actuelles d’Amiens qui a fêté ses 30 ans l’an passé, nous confie la partie visuelle de la première édition du festival Minuit avant la nuit (très joli nom!). Un festoch rock, avec sa poignée de têtes d’affiche (Eddy de Pretto, Slowdive, Son Lux), des figures du coin (Concrete Knives, Usé, Jojo Beam, One Sentence Supervisor), des comètes venues de plus loin (The Soft Moon, The Limiñanas, Warmdusher), deux nuits de musique avec deux scènes + un dimanche des familles, le tout « les pieds dans l’herbe » au parc St-Pierre.

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PR2017 — Une marche exploratoire de Bougainville à Rosa Parks



Entre décembre et mai, j’ai mené une série d’interventions avec trois établissements scolaires marseillais, une action rendue possible par le Frac Paca. On a appelé ça « PR2017 — Une marche exploratoire de Bougainville à Rosa Parks ». Une Petite Randonnée dans un quartier riche de moults histoires, passées, présentes et à venir.



Le 24 mai, au collège Rosa Parks (Marseille, 15e), le projet PR2017 était parachevé par l’exposition des travaux réalisés avec les enfants de la maternelle Extérieur, du collège Rosa Parks et du lycée Diderot (BTS design d'espace). En parallèle, une exposition d’œuvres du Frac et du Fcac (Fonds communal d’art contemporain) s’ouvrait dans un espace étonnant, juste en face du collège, l’Acadel (Association pour la concertation et les actions de développement local).

Texte de présentation, écrit par mes soins :
Entre le collège Rosa Parks et la maternelle Extérieur, il y a le quartier des Crottes. Un quartier à taille humaine, riche d’une population métissée et d’un passé industriel. C’est aussi une zone visée par une grosse opération d’urbanisme : Euromed 2.
Comme si elles étaient synchronisées, les évolutions des enfants et du quartier s’annoncent fulgurantes. Qui seront et que feront ces enfants dans 5, 10 ou 20 ans? Quel visage aura le quartier dans quelques temps? On nous annonce par exemple la création d’un beau grand parc (le Parc des Aygalades) à la place de l’actuelle gare de marchandises du Canet. Par ce parc, on pourra peut-être bientôt relier la maternelle et le collège de manière très agréable.
Aujourd’hui, pour réaliser ce parcours, on voit beaucoup de bitume, peu d’arbres, le ruisseau des Aygalades est quasi-invisible, les bâtiments industriels en friche et les graffitis sont nombreux. Il y a aussi quelques déchetteries sauvages, un étonnant éco-quartier en construction, la rue de Lyon et toutes ses bagnoles, évidemment les Puces… Et bien sûr plein d’habitants et de personnes travaillant ici. C’est ce parcours en zigzag que nous avons suivi cet hiver tous ensemble (enfants de la maternelle, jeunes du collège et du BTS design d’espace du lycée Diderot), de manière à découvrir ou mieux connaître ce quartier ; son passé, son présent et son futur possible.




Une série de portraits des enfants de l’école maternelle là où ils vivent — Ateliers avec deux classes de la maternelle Extérieur
Pour fixer un instantané de ces enfants et de leur cadre de vie, nous avons d’abord réalisé avec eux une série de pancartes, à partir de photos prises sur le parcours PR2017. Les enfants choisissent une photo, nous racontent pourquoi avant de réaliser leur propre panneau. Dans un second temps, nous sommes retournés là où ont été prises les photos choisies pour réaliser ces portraits.



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Imaginer la transformation des friches du quartier en lieux de vie et d'activités — Ateliers avec une classe de 6e du collège Rosa Parks
Parce que la mutation de la ville ne doit pas être exclusivement la responsabilité des personnes « autorisées », nous avons mis les élèves dans le rôle d’aménageurs ou d’entrepreneurs. À eux d’imaginer comment transformer une friche en local pour une association ou un commerce… Chaque groupe de deux élèves a pioché au hasard une photo de friche du quartier, associée au hasard à une activité qui pourrait s’y implanter. À eux d’ouvrir et décorer la façade, de dessiner l’enseigne, de planter des arbres… Faire d’un bout abandonné de ce quartier un endroit agréable et vivant!



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Récolter des fragments d’un quartier pour composer un travail plastique — Ateliers avec les 1e années du BTS design d'espace du lycée Diderot
Avec les étudiants, nous avons réalisé une deuxième fois le parcours « PR2017 ». Cette fois, chacun-e avait pour tâche de récolter de la matière le long de la balade, selon des sujets individuellement tirés au sort (couvre-chef, graffiti, l’eau, présence des femmes, portes de la rue de Lyon, etc.). De retour en classe, des groupes de deux ou trois étudiants se sont formés, mettant en commun leurs sujets et leurs matériaux pour réaliser une composition visuelle.



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Trois ateliers pour dessiner un portrait — Exposition au collège Rosa Parks
Réunis au collège Rosa Parks, les travaux aboutis dans ces trois ateliers composent ensemble un portrait singulier du quartier comme il existe aujourd’hui. Un portrait qu’il sera précieux de voir et de revoir à mesure que le quartier et ses jeunes habitants changeront.



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Un grand merci à Flavien Odorin du Frac Paca pour tout le travail qu’il a mené pour rendre ces ateliers et expositions possibles et le soutien qu’il m’a offert. Merci à ses collègues du Frac, Annabelle et Stéphanie, en renfort! Je remercie chaleureusement les professeures de la maternelle Extérieur, Sandra Cadorin, Anne Busch-Voiry, Alexa Giunti et Aurélie Fernandez, vivement impliquées et disponibles tout au long de cette aventure. Merci beaucoup Anna Masau, professeure du collège Rosa Parks ; ça n’a pas été forcément aisé de travailler dans le cadre de la petite heure hebdomadaire d’arts plastiques, mais au final on a abouti à un bon travail je trouve! Merci à Gaël Chapon du BTS design d’espace de Diderot pour sa présence.



Il a parfois était un peu difficile de mener ce travail, étalé sur plusieurs mois, en parallèle des excursions régulières et les nombreux travaux liés à Formes Vives, mais j’ai été très content de pouvoir bosser sur un territoire qui me touche de près et que j’ai pu mieux découvrir. Travailler avec les minots a été sportif mais très chouette, notamment avec les maternelles (une première pour moi!). J’aime beaucoup la série de portraits des enfants réalisée, qui colle avec mes intentions initiales ; j’espère qu’elle pourra être montrée à nouveau par la suite, et redécouverte dans quelques années, quand le quartier et ces jeunes auront tant changé…

La Verrerie d'Alès présente son programme de Saison 2016 — 2017


Et voilà quelques double-pages du cahier-programme de saison 2016/2017 de La Verrerie d'Alès, Pôle National Cirque Occitanie / Pyrénnées-Méditterranée.
Un programme conçu comme une kyrielle de formes, motifs et typographies
(la Neuzeit de Wilhelm Pischner et la Rochebelle de Formes Vives) tirés de l'identité visuelle conçue en parallèle. L'année de la Verrerie sera ponctuée de plusieurs temps forts et festivals, des occasions pour faire vivre ces signes sur différents supports.

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Workshop à Nancy



Les 7, 8 et 9 mars nous étions à l'Ensa Nancy, avec des étudiants de 1e, 2e et 3e année.
Sujet: Avec un matériel rudimentaire composé d’aérosol de craies, de blanc de Meudon, de divers papiers de récupération et de colle à papier peint, nous partirons à la recherche de lieux susceptibles d’être le support de créations graphiques temporaires. Il faudra alors définir une intention spécifique à ce lieu, délimiter des enjeux et y répondre par une composition in-situ qui apportera par un langage graphique atypique, une nouvelle lecture de cet espace.
Les expériences provoquées par un travail à grande échelle, collectif, sans ordinateur, peut-être dans le froid, en regard des passants, avec ce type de matériel, nous amèneront à réfléchir notre façon d’intervenir sur ces trois jours. S’il y a la possibilité qu’un des membres du groupe embarque avec lui un vélo et des sacoches, ça nous permettra d’être plus mobiles.

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Six totems, une collection de cartes et un site pour L’office



«L’office est une structure qui accompagne les transitions culturelles, sociales, éducatives et économiques, d’une société “en régime numérique” vers une société “des communs”.
Nous menons des projets de manière collective (avec des collectivités, structures associatives et/ou indépendantes, usagers et habitants) pour expérimenter et faire ensemble à l’échelle locale.
Logiciels libres, opendata, creative commons, et autres wiki, proposent des usages alternatifs aux systèmes propriétaires dominants. À l’office nous tentons d’inventer et produire des moyens de porter ces valeurs au delà du numérique : dans les espaces et les services publics, mais aussi à travers de nouveaux outils d’éducation populaire, et de méthodes de travail dites « agiles », c’est-à-dire, une organisation par projet s’ajustant au fur et à mesure des expérimentations.»

Voici pour l’actuelle « tentative de topo » de L’office — Perrine Boissier, Pauline Guignes et Emmanuel Vergès ; on peut lire cela sur leur site, fraichement rendu public il y a un mois. Une collection de cartes a aussi été imprimée et commence à se diffuser autour d’eux.

Nous avons rencontré L’office à ses débuts en 2012, nous avons alors collaboré avec Perrine pour la création des outils graphiques et scénographiques du Syndicat d'initiatives citoyennes de Vitrolles.
Début 2015, ils nous ont proposé de se retrouver, sur deux petites journées à Marseille, pour échanger autour de la communication en général et cogiter à leurs propres façons de se (re)présenter.



Nous avons imaginé ensemble une version personnelle d’un livre d’anti-coloriage (encore dans un carton) puis nous nous sommes penchés sur une recherche d’identité visuelle et la conception d’un site Internet.



Après quelques pistes, nous nous sommes arrêtés sur une idée toute simple : L’office aide des personnes et des structures à tenir ensemble.
L’office n’a sans doute pas besoin de logotype, ne pas en avoir ne les avait pas empêchés de vivre jusque-là. Par contre L’office aime bien écrire et raconter des histoires avec d’autres, proposer des actions et des objets «ouverts», créer des équipes, aider des acteurs d’un même territoire à se rencontrer et fabriquer tous ensemble du «commun».
Pour L’office nous avons dessiné une signature toute basique, dans une patate un peu molle : cela, seul, n’a pas franchement grand intérêt… Par contre, L’office ne prend tout son sens qu’une fois au contact des autres! C’est dans ces rencontres, ces assemblages hétéroclites et à chaque fois uniques, que L’office devient une pièce précieuse de constructions vivantes et à la fois fragiles et un peu bricolées.
Nous avons mis en forme ces principes un peu verbeux à la manière de jeux d’équilibre, des «totems».
On retrouve ces compositions sur leur site et sur une série de grandes et jolies cartes.

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Workshop « Camp Climat » à l'Isba de Besançon



Retour à la normale après une semaine intense de workshop à l'Institut des Beaux-Arts de Besançon. Nous étions présents tous les trois accompagnés d’une trentaine d'étudiants, pour l'élaboration et l'expérimentation d'un temps collectif, de partage du quotidien, d'échange de pratiques et d'expérimentation formelle : la construction de biens communs vécus.
Partant de notre « connaissance » de Besançon, que c'est une des villes où se montèrent les groupes Medvedkine, et que nous avons en tête la chanson de Colette Magny sur les filles de la Rhodia, nous avions d'abord projeté un workshop en 4 × 8. Nous avons gardé l'envie d'horaires décalés, un moyen assez simple de sortir rapidement les étudiants (et nous-mêmes) de nos habitudes pour provoquer des situations étonnantes et fortes.

Petit récit d’un workshop de la semaine «folle».

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Triple Zut — Pierre est parti.



Ton regard va nous manquer.

Pierre Bernard nous a quitté ce lundi 23 novembre, du haut de ses 73 ans de vie, bien remplie. C’est un ami que l’on perd, un complice précieux et sans doute le tout premier supporter de Formes Vives. Depuis nos débuts il était resté un fervent soutien, chaleureux et disponible.

Bien sûr on se souviendra d’images graphiques, qu'il a produit de ses mains, de son trait généreux et déterminé, une graphie reconnaissable entre mille autres par la franchise qui l’engageait «à dessein». Mais aussi toutes ces formes créées avec d’autres, qu’il a su accompagner de sa personne, de son œil critique, de sa culture, de son plaisir de faire. Une belle partie de cette œuvre semble inaltérable, gorgée d’une qualité qui la distingue tant des modes, des pseudo-bonnes recettes et de l’océan de merdes visuelles qui engloutit toujours plus notre environnement.

Vient cette vision d’une grande famille de créateurs prolifiques, celles et ceux qui ont collaboré ou simplement échangé un jour avec Pierre, avant de dessiner leurs propres routes. Une famille bien bigarrée, plein de fois recomposée, parfois déchirée, mais évidemment une famille aujourd’hui réunie par un même sentiment de tristesse. L’impression d’avoir perdu le noyau. Pierre, un drôle d’animal social, qui n’a cessé d’épauler et d’être épaulé à la fois, en s’entourant toujours avec attention. Tantôt tendre tantôt dur, des fois stratège, des fois maladroit, le plus souvent simplement généreux. Le communiste frondeur et poète. Celui à qui l’on doit beaucoup, sans avoir réussi à réprimer la pudeur ou à trouver le bon moment pour lui avouer, il est parti. Triple zut. J’ai aussi une pensée particulière vers Marsha Emanuel et tous ses proches.

On pourrait évoquer le Pierre-infatigable-agitateur, spectateur et acteur jamais repu, animateur crucial de la scène graphique depuis les années 1970, toujours curieux et intrigué par ses pairs créateurs et créatrices, d’ici ou d’ailleurs. Pierre était également militant politique, éclairé, voué à la construction du bien commun, de l’intérêt public. Son investissement dans une succession d’activités débordait amplement du travail de commandes graphiques. Pas de retraite chez Pierre-le-battant, malgré les embûches, les désillusions, les temps qui changent, seule la foutue maladie aura eu raison de cette détermination. J’espère bien que ses convictions continueront d’inspirer les faiseurs d’images d’aujourd’hui et de demain.

Mais avant tout, pour moi, Pierre c’était l’immense finesse d’un regard conjuguée à un humanisme ardent. Un regard unique, aiguisé, précis, attaché au sens et à la qualité plastique de tout ce qui pouvait lui passer sous les yeux. Un regard éveillé au près de Tomaszewski et depuis toujours gardé alerte, sans cesse enrichi, nourri par les créations de son temps. Un regard pour servir cette ambition passionnément moderne : participer toujours et encore à des créations et des aventures «élitaires pour tous». Un Apollon dans la démocratie.

Ton humanité va me manquer.



Peut-être est-ce le moment de relire quelques uns de ses mots, lui avec qui il était si agréable de papoter et débattre.
«La création graphique en France existe», Étapes n°120, mai 2005.
Allocution donnée dans le cadre de la remise du prix Erasme, 2006.
«Un entretien avec Pierre Bernard», extrait de notre mémoire Citoyen-graphiste, 2008.
«L’image est un terrain de lutte permanent», un entretien à propos de la naissance de Grapus donné en 2013 à Xavier de Jarcy de Télérama, publié cette semaine.



Je vous invite aussi à lire Apollon dans la démocratie de Walter Gropius, un de ses livres fétiches. J’ai deux exemplaires à la maison, je peux les prêter.
Et puis n’oubliez pas de lire Le Monde Diplomatique, son journal préféré!

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Workshop «Hit Parade» à l’Université de Strasbourg



Avec Geoffroy, nous sommes ces jours-ci à Strasbourg pour animer un workshop avec les étudiants du master design de l’Université de Strasbourg (34 étudiants de M1 et M2). On commence par trois premiers jours cette semaine (puis deux autres mi-octobre).
Avec dans un coin de tête de bons souvenirs où la musique a une place particulière, comme ces fois où des copains vous ont fait découvrir un morceau, un artiste ; ou ces instants de vie où une musique était là, comme par magie, telle une B.O. idéale ; ou encore ces pochettes d'album ou ces clips tellement forts ou surprenants qu'on les a gravés avec la musique qu’ils accompagnent… Le sujet :

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