Workshop à l'école Estienne



Du 11 au 14 juin, l’école Estienne (Paris) nous a invité a proposer un workshop aux étudiant·es de la 1e année du «DN MADE», diplôme sur trois ans qui remplace le BTS design graphique (en intégrant la précédente année de prépa). Un atelier intensif avec de toutes jeunes personnes, en début de parcours dans le champs de l’image et de la communication. J’y ai vu la possibilité d’une sorte de pré-summer class foisonnante, pour réfléchir et travailler sur l’image dans un sens généreux et ouvert, de proposer des méthodes de travail un peu déboussolantes et partant d’expériences sensibles, d’amener des matériaux politiques aussi pour orienter le sens de nos discussions. Je suis arrivé avec plein de bribes de sujets et finalement nous avons procédé ainsi :
• Les trois premières journées commençaient par la projection d’un film sur un sujet social. Lundi nous avons regardé Chats Perchés de Chris Marker (qui dépeint l’agitation sociale depuis Paris en 2002), mardi nous avons regardé un large extrait de La Domination Masculine de Patric Jean (2007) et mercredi nous avons regardé #67 de Jean-Gabriel Périot (à propos des « tomates de merde »).
• Pour échanger autour de ces films, exprimer ce qu’on en a compris et ce qu’ils nous évoquent, on se réunit par groupe de trois personnes. Puis à tour de rôle, chacun·e dans le groupe raconte aux autres un souvenir de son histoire personnelle en lien avec le sujet du film. Les souvenirs sont notés sur petits bouts de papier.
• Les souvenirs retranscrits sont réunis puis chacun·e en pioche un.
• Ce souvenir est une matière première pour travailler maintenant de l’image. Mais tout compte fait, on peut le laisser un peu de côté, dans l’idée première d’expérimenter tout azimuts de la forme, de la matière, de la couleur (plutôt que de chercher à illustrer le souvenir, gare au hiatus!). J’essaye d’amener chacun·e vers des formes qui me touchent, en leur amenant par exemple des références d’artistes que m’évoquent leurs recherches (on peut se sentir libre de copier). On travaille format carte postale, entre A6 et A5, des petits formats pour pouvoir produire assez rapidement et étaler facilement ses recherches pour une vue d’ensemble.
• Après trois cycles film + souvenirs + recherches graphiques (rythmé par une projection quotidienne d’images en guise d’entracte), on se pose devant ses esquisses pour en sélectionner une avec moi, la pousser et la faire passer à un grand format tout en faisant arriver le texte. Chacun·e ayant collecté trois souvenirs, on est libres d’associer l’un de ces textes (ou bout de textes) avec la piste visuelle qu’on juge la plus intéressante ; il faut faire sens! On travaille au format affiche (~A2) en vue d’un « rendu ».
Cette version finale, si elle permet de donner le sentiment du travail accompli, n’est pas pour moi le plus important de ces quatre jours de travail, de découvertes, de paroles, de rencontres. C’est le cheminement qui compte. Caminante no hay camino (A. Machado)



Un grand merci aux enseignant·es de l’école pour leur accueil et particulièrement à Emmanuelle Heitz. C’était chouette de voir les enseignant·es passer à tour de rôle pendant le workshop et s’intéresser! Merci aussi à eux pour les photos. Et bravo aux étudiant·es pour leur investissement et la générosité de leur travail.