René Char, Feuillets d'Hypnos

René Char est né il y a cent ans à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse. Après avoir suivi le mouvement surréaliste à Paris (1930-1936), le poète René Char revient dans sa Provence natale. Dès 1941 il adhère aux mouvements réfractaires et en 1943 il est intégré aux Forces Française Combattantes comme chef départemental dans les Basses-Alpes. Durant cette période dans le maquis il recueille impressions et idées dans un cahier qui aboutira aux Feuillets d'Hypnos en 1946.






En 1947 il crée avec Jean Vilar le Festival de théâtre d'Avignon.

Cette année, à ce même festival, les Feuillets d'Hypnos ont été mis en scène par Frédéric Fisbach. Une adaptation qui a fait couler beaucoup d'encre!

affiche et scénographie de Laurent P. Berger et photographie de Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon



Dans un tout autre registre, le tableau figurant sur la couverture :

Job raillé par sa femme de Georges de La Tour.
Durant sa clandestinité, René Char garda une copie de cette peinture du XVIIe siècle et la note 178 lui est consacrée.

La reproduction en couleur du Prisonnier de Georges de La Tour que j'ai piquée sur le mur de chaux de la pièce où je travaille, semble, avec le temps, réfléchir son sens dans notre condition. Elle serre le cœur mais combien désaltère! Depuis deux ans, pas un réfractaire qui n’ait, passant la porte, brûlé ses yeux aux preuves de cette chandelle. La femme explique, l’emmuré écoute. Les mots qui tombent de cette terrestre silhouette d’ange rouge sont des mots essentiels, des mots qui portent immédiatement secours. A fond du cachot, les minutes de suif de la clarté tirent et diluent le traits de l’homme assis. Sa maigreure d’ortie sèche, je ne vois pas un souvenir pour le faire frissonner. L’écuelle est une ruine. Mais la robe gonflée emplit soudain tout le cachot. Le Verbe de la femme donne naissance à l’inespéré mieux que n’importe quelle aurore. Reconnaissance à Georges de La Tour qui maîtrisa les ténèbres hitlériennes avec un dialogue d’êtres humains.

Paul Assouline a écrit un intéressant billet à ce sujet.