Le fil de la ville – le choix de Bobigny : les services publics

Nous sommes très heureux de vous présenter la campagne d'affiche qui a été lancée lundi à Bobigny et sur laquelle nous avons travaillé. Les premiers éléments ont été collés sur le territoire de la ville et d'autres apparaitront dans les jours qui viennent…



La mairie communiste de Bobigny est une des dernières à donner toute sa confiance au travail de graphistes indépendants et d'artistes pour sa communication. Une communication politique, comme ils l'affirment, qui consiste notamment en 3 ou 4 campagnes d'affichage par an. (On peut citer les très réussies campagnes pour «Bobigny-sur-Ourcq» avec Michel Quarez en 2007 et Paul Cox en 2009.)

L'une de ces campagnes se fait à la rentrée, en septembre, et consiste à accueillir les Balbyniens en ouvrant l'année sur un sujet politique. En 2010, ce sont les services publics, leur défense et surtout leur promotion, que la mairie a choisi pour faire un travail d'échange avec l'ensemble de sa population. Car, en temps de «crise», (ou plutôt en temps d'accroissement violent des inégalités,) la politique gouvernementale dégrade systématiquement les services publics (réforme territoriale, suppression de la taxe professionnelle, recul de l'âge de départ en retraite, non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, injustice de l'impôt avec le bouclier fiscal…) au profit d'un «chacun pour soi» dont on sait que trop bien à qu'elle minorité cela profite. À l'inverse, à Bobigny s'est récemment construit un centre de santé de proximité, une nouvelle école, un nouveau centre de loisir, des logements sociaux… tandis que le nombre de fonctionnaires rattachés à cette ville est très important (Bobigny héberge entre autres la préfecture, le conseil général et la CAF de Seine-Saint-Denis). Ainsi, sans doute encore plus qu'ailleurs, les services publics sont ce qui tisse la ville.

Notre travail commence ici avec cette notion de fil de la ville que la mairie veut appuyer. De notre côté, nous nous saisissons du sujet et, parmi nos idées, nous voulons compléter cette notion du fil (qui nous parle de territoire, d'emplois) par la notion du choix politique (qui nous parle de citoyenneté et d'histoire). Pour la mise en forme, après des essais dessinés, figuratifs, c'est avec des formes peintes et abstraites que nous réunissons dans équilibre agité les deux notions — du territoire et du choix politique — pour nous amener aux services publics. La notion de lutte, de résistance, saisie dans la formule «Ne pas couper» est quant à elle au second plan. Enfin, le slogan annuel de la ville, «Allumons les étoiles», intervient comme une signature.
Cette mise en forme est un jeu entre le rigueur géométrique forte du constructivisme et les traits imprécis et urgents d'expressions militantes amateures.



Étant prévu des formats d'affiches à la française et à l'italienne, nous avons aussi pensé la composition pour pouvoir pivoter de 90° tout en restant très lisible (même si tout compte fait 2 versions ont été composées). Pour les couleurs, nous avons travaillé en bichromie en choisissant un rouge fluo et un bleu électrique. Le rouge, pris en plein soleil, est très agressif, mais il serait étonnant que le temps reste si lumineux bien longtemps par ici…



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