Workshop autonome et gronde denseignants aux Arts déco
Adrien Zammit - lundi 7 mars 2011 - Pédagogie
Petite pétarade dénergie étudiante aux Arts déco de Paris. Un des deux amphis de l'école a été réquisitionné lundi dernier, 28 février (jour de la rentrée), les chaises retirées, des tables de travail installées (avec la «permission»). Ce sont principalement des étudiants de 1re, 2e et 3e années, avec quelques dissidents venus de 4e ou 5e année, qui sattellent à monter des projets, regroupés en petits ateliers poreux (de 3 à 15 personnes), en autonomie complète.
Quelques enseignants passent les voir, les soutenir, certains dentre eux leur proposent même des cours ou des discussions.
Cela continue cette semaine encore pour aboutir à des espèces de portes ouvertes alternatives, vendredi prochain, 11 mars, de 17h à 21h lécole sera ouverte «exceptionnellement» au public, dans une limite de 300 personnes.
Outre le plaisir «conquis» sur des projets décidés entre étudiants, dans une ambiance stimulante et un peu subversive, ce temps de travail non ordinaire devrait voir émerger des travaux investissants lécole avec des formes hétéroclites, pour arriver à des productions enthousiastes et bricolées. Tout ça est en cours et part dans un peu tous les sens à lopposé de «lexcellence» léchée, sectorisée, «professionnelle-pour-les-industriels» et «prospective-mon-cul» qui a pignon sur rue dans létablissement.
Au passage le site arts-deco.org a légèrement repris de lactivité même si les étudiants sont actuellement concentrés sur la production plutôt que sur la communication et cest un journal mural interne qui est leur principal outil dinformation.
Il y a peu ce sont des enseignants qui ont pris linitiative de créer un collectif pour se lever contre les petites manuvres toutes médiocres que déploient insidieusement et de plus en plus la direction de létablissement et ses courtisans poussiéreux. Initiative de résistance qui na pas encore porté ses fruits mardi dernier avaient lieu les élections de «coordonateurs», les enseignants en charge de la cohérence pédagogique des sections ; une partie dentre eux occupent ces fauteuils stratégiques depuis de nombreuses années (et ont réussi une nouvelle fois à se faire «reconduire») et font la pluie et le beau temps sur la (non) ligne pédagogique de lécole, les nominations et mises au placard de profs, lattribution de salles, de budgets
Enfin tout cela est très bien conté dans ces deux pdf/tracts diffusés par lintersyndicale et le collectif denseignants mobilisés :
Intersyndicale-Ensad-2011-01-25-Excellence.pdf
Intersyndicale-Ensad-2011-02-LEnversDuDecor.pdf
La position critique et politique de ces enseignants est percutante et nest pas exempt de courage quand on sait la pression que peut exercer la direction de lécole via la non-titularisation de nombreux enseignants (laissés vacataires à perpétuité et ainsi faciles à éjecter) et le gel de passage aux statuts supérieurs (correspondant notamment aux augmentations de salaire). Quelques étudiants soutiennent pleinement cette résistance et ils en sont sans doute un peu à lorigine aussi!
Les étudiants les plus jeunes sont, quant à eux, plus hostiles au simple mot «politique» (des années dapologie de lapolitisme semblent avoir payé) et se saisissent du temps du workshop plus comme un défouloir didées et de pratiques (mettant enfin en «acte» le goût dexpérimenter, de se tromper, de construire, à plusieurs ) que comme la mise en place dun collectif militant et vecteur de propositions pédagogiques.
Ce qui nempêche que ces deux mouvements trouvent leur réunion dans un attachement fort pour cette école et lenvie renouvelée de ne pas la laisser dépérir sous le poids des apparatchiks libéraux-de-la-pensée-unique et de la nouvelle directrice porte-parole du gouvernement par excellence.