Workshop autonome et gronde d’enseignants aux Arts déco



Petite pétarade d’énergie étudiante aux Arts déco de Paris. Un des deux amphis de l'école a été réquisitionné lundi dernier, 28 février (jour de la rentrée), les chaises retirées, des tables de travail installées (avec la «permission»). Ce sont principalement des étudiants de 1re, 2e et 3e années, avec quelques dissidents venus de 4e ou 5e année, qui s’attellent à monter des projets, regroupés en petits ateliers poreux (de 3 à 15 personnes), en autonomie complète.
Quelques enseignants passent les voir, les soutenir, certains d’entre eux leur proposent même des cours ou des discussions.

Cela continue cette semaine encore pour aboutir à des espèces de portes ouvertes alternatives, vendredi prochain, 11 mars, de 17h à 21h – l’école sera ouverte «exceptionnellement» au public, dans une limite de 300 personnes.

Outre le plaisir «conquis» sur des projets décidés entre étudiants, dans une ambiance stimulante et un peu subversive, ce temps de travail non ordinaire devrait voir émerger des travaux investissants l’école avec des formes hétéroclites, pour arriver à des productions enthousiastes et bricolées. Tout ça est en cours et part dans un peu tous les sens – à l’opposé de «l’excellence» léchée, sectorisée, «professionnelle-pour-les-industriels» et «prospective-mon-cul» qui a pignon sur rue dans l’établissement.

Au passage le site arts-deco.org a légèrement repris de l’activité même si les étudiants sont actuellement concentrés sur la production plutôt que sur la communication – et c’est un journal mural interne qui est leur principal outil d’information.



Il y a peu ce sont des enseignants qui ont pris l’initiative de créer un collectif pour se lever contre les petites manœuvres toutes médiocres que déploient insidieusement et de plus en plus la direction de l’établissement et ses courtisans poussiéreux. Initiative de résistance qui n’a pas encore porté ses fruits… mardi dernier avaient lieu les élections de «coordonateurs», les enseignants en charge de la cohérence pédagogique des sections ; une partie d’entre eux occupent ces fauteuils stratégiques depuis de nombreuses années (et ont réussi une nouvelle fois à se faire «reconduire») et font la pluie et le beau temps sur la (non) ligne pédagogique de l’école, les nominations et mises au placard de profs, l’attribution de salles, de budgets…
Enfin tout cela est très bien conté dans ces deux pdf/tracts diffusés par l’intersyndicale et le collectif d’enseignants mobilisés :
Intersyndicale-Ensad-2011-01-25-Excellence.pdf
Intersyndicale-Ensad-2011-02-LEnversDuDecor.pdf

La position critique et politique de ces enseignants est percutante et n’est pas exempt de courage quand on sait la pression que peut exercer la direction de l’école via la non-titularisation de nombreux enseignants (laissés vacataires à perpétuité et ainsi faciles à éjecter) et le gel de passage aux statuts supérieurs (correspondant notamment aux augmentations de salaire). Quelques étudiants soutiennent pleinement cette résistance – et ils en sont sans doute un peu à l’origine aussi!
Les étudiants les plus jeunes sont, quant à eux, plus hostiles au simple mot «politique» (des années d’apologie de l’apolitisme semblent avoir payé) et se saisissent du temps du workshop plus comme un défouloir d’idées et de pratiques (mettant enfin en «acte» le goût d’expérimenter, de se tromper, de construire, à plusieurs…) que comme la mise en place d’un collectif militant et vecteur de propositions pédagogiques.
Ce qui n’empêche que ces deux mouvements trouvent leur réunion dans un attachement fort pour cette école et l’envie renouvelée de ne pas la laisser dépérir sous le poids des apparatchiks libéraux-de-la-pensée-unique et de la nouvelle directrice – porte-parole du gouvernement par excellence.



—