Workshop à Orléans Nous aimons écrire des histoires et peindre des images
Adrien Zammit - jeudi 1 février 2018 - Pédagogie
Latelier proposé, comme le sont souvent les ateliers que nous menons, résonne beaucoup avec nos pratiques actuelles et les recherches que nous avons en tête. Avec les étudiants dOrléans nous avons voulu travailler autour de lécriture, prendre le temps de mener des exercices graphiques détachés de la question du sens, il y a eu des moments collectifs et puis individuels, pour enfin arriver au travail dune image, une « peinture ».
Atelier décriture (une demi journée)
Le premier exercice prend la forme dun atelier décriture, une pratique a priori détachée de celles des étudiant-e-s, où les niveaux individuels sont gommés. Ce sont aussi des temps conviviaux qui nous plaisent pour se rencontrer.
Premier travail : chacun écrit un voeu, puis ils sont mis dans un chapeau ; à tour de rôle chacun tire un voeu comme point de départ pour écrire un paragraphe « comme ça lui vient », puis à tour de rôle chacun tire un paragraphe de cette série pour écrire un nouveau texte (une suite, un rebond, une réécriture). Cest uniquement cette ultime série de textes qui est conservée, on en tire chacun un au hasard et on le lit debout, devant le groupe.
Second travail : tout dabord en binôme, chacun reçoit une image (choisie par nos soins), la regarde attentivement avant de la retourner ; puis, chacun son tour, lun décrit son souvenir et ses impressions sur limage à voix haute, pendant que lautre sapplique à prendre des notes (de manière libre). On obtient donc deux notes, elles sont alors transmises à un autre binôme où chacun prend une note et écrit un texte en rebond. Enfin, ce texte est transmis à une autre personne, qui doit le poursuivre (une suite, un rebond, une réécriture). On ne conserve que cette ultime série de textes, on en tire chacun un au hasard et on le lit debout, devant le groupe.
Certains résultats sont surprenants, il y a des textes drôles, des très poétiques, des histoires et des réflexions intimes, des styles très différents.
(Clotûre de latelier décriture) À partir de deux séries de textes conservées, on en garde une sélection réduite pour quil ny en ait quun par étudiant-e. On tâche de garder des textes propices à un travail graphique, peut-être pour aller vers des cartes géographiques (qui était le sujet initial), des textes qui pour nous ont une vraie qualité littéraire et une originalité.
Chaque étudiant-e prend un de ces textes pour le recopier sur une grande feuille de façon « simple », en capitales, à la mine de plomb. Cela donne une série daffichette assez homogène, à partir de laquelle chaque étudiant-e choisit le texte avec lequel il souhaite travailler. On projette que la réalisation de limage finale pourra se faire en solo ou en binôme, mais le déroulement du workshop a finalement amené les étudiant-e-s à travailler en solo jusquau bout.
Atelier décriture manuscrite (deux demi journées)
À partir de cet exercice, le groupe est partagé en deux, chacun de nous deux ne suit que sept étudiants.
Cet exercice graphique doit permettre à chacun-e de développer son écriture manuelle vers un ou plusieurs styles qui nous semblent riches dune personnalité et émancipé dun style mou ou « enfantin », et propice à devenir un outil graphique à part entière dans son travail (actuel et futur). Cette recherche est menée uniquement à la mine de plomb. On peut travailler via lécriture dalphabet ou de bouts de phrases (issues de son texte), en se contraignant à écrire de façon très rapide, avec la mauvaise main, à main levée, en forçant litalique, en sappliquant plus ou moins, en tentant des dessins de lettres originaux, tout en intégrant petit à petit une recherche de mise en page. Certain-e-s étudiant-e-s arrivent à un seul style abouti, dautres montrent plus de diversité dans ce travail et plusieurs possibilités intéressantes souvrent à eux, mais pour conclure lexercice on ne garde quun style par étudiant-e ; chacun réécrit son texte sur une feuille grand format avec le style manuscrit abouti.
Cet exercice est ponctué par une projection dimages, des exemples décritures manuscrites dans des travaux dartistes, de dessinateurs et de graphistes.
Atelier de peinture graphique (deux demi journées)
Cet exercice est lancé par une projection dimages (peintures, affiches).
On met complètement de côté les textes pour souvrir à un travail dexpérimentation « libre », à la peinture, tout dabord en travaillant sur de petits formats (A6, A5), puis selon lavancement les formats sagrandissent. La peinture doit être au coeur de la recherche mais la mine de plomb et la papier découpé peuvent aussi entrer en jeu. Selon les niveaux des étudiants sur cet exercice, notre intervention est plus ou moins directive, dans lidée que tou-te-s poussent une recherche originale et trouvent une écriture qui peut être pertinente pour aboutir à limage finale.
Création dune image peinte (deux demi journées)
Laboutissement du workshop arrive comme le prolongement du précédent exercice, les recherches formelles se déploient sur des formats de plus en plus grand jusquà un rendu intermédiaire. Pendant deux heures, nous faisons tous ensemble le tour, chaque étudiant-e nous présente sa recherche, puis nous faisons un retour, avec en tête la réalisation finale à venir.
Sensuit le démarrage du « final » sur format 110 x 150 cm (vertical ou horizontal), pour la plupart des étudiant-e-s il sagit de réaliser en plus grand leur dernière recherche mais le changement de format implique une maitrise différente. Il y a aussi lintégration du texte (toujours à la mine de plomb) qui peut savérer complexe pour certain-e-s, ou au contraire dune composition graphique où textes et images sont agencés ensemble dès les recherches, ici les recherches dimages ont été menées sans textes.
Selon les maîtrises des étudiant-e-s et leur rapidité dexécution, certain-e-s ont pu finir très rapidement, dautres nont pas pu présenter une image tout à fait aboutie au moment du rendu (jeudi à 16h), le rythme soutenu du workshop nétant bien sûr pas complètement adapté à toutes les personnalités et à toutes les idées graphiques.
Nous sommes très contents des images produites, le résultat navait rien dévident et il nous semble que le plaisir était aussi au rendez-vous. Simpliquer dans un travail à la main nétait bien sûr pas évident pour des graphistes en formation, mais nous espérons avoir un peu transmis de notre goût pour le travail du dessin et de la peinture, qui implique le corps et lesprit de façon différente que lordinateur et amène à des images dune forte sensibilité.