À la fin du mois de juin, Carmen et moi avons soutenu notre projet de fin d'étude «Un instant mon petit» sur place, à la buvette installée au Palais de Tokyo.

Au jour le jour, comment ça marche, un film de Julia Stern et Carmen Bouyer, juin 2012.


Nous avions décidé de présenter ce projet en deux temps, une première partie devant un jury de graphisme et une deuxième devant un jury de design, une façon de restituer ce travail collectif sous deux points de vue complémentaires et singuliers.
Dès le départ, nous souhaitions pouvoir construire un socle commun pour ensuite y affiner une recherche personnelle in-situ dans un contexte que nous avions créé de toute pièce et dans cette aventure pluridisciplinaire nous pouvions ainsi enrichir perpétuellement notre expérience de celle de l'autre. C'est en ces termes que j'ai pu introduire ma soutenance:
Un instant mon petit est un lieu-bivouac qui se construit quotidiennement autour d'une buvette-associative et se positionne comme un relais d'activités réunies autour de l'écologie conviviale.
D'une probable accoutumance urbaine et industrielle à une innocence face aux alternatives crédibles, le design se trouve parfois dans l'impasse d'imaginer des positions tangibles à la question écologique.
Nous proposons alors un espace dynamique pour explorer sur le vif les pistes sensibles d'un parcours de transition dont la porte d'entrée est une dégustation de jus de fruits et de légumes locaux et de saison.



Comment mettre en place des pratiques conviviales en design-graphique?

C'est peut-être imaginer des divagations, d'autres positions pour construire des signes, des images et des modes de communication. En reprenant en main les outils de première nécessité, en s'éloignant quelques temps des moyens numériques et en s'en remettant au bricolage et à l'amateurisme vient la découverte de nouvelles ressources permettant d'envisager le graphisme dans toute sa générosité (instantanéité, formes artisanales, typographie manuscrite sur grand format, investissement du corps dans la création d'affiche, espace). Ces chemins de côtés empruntés conduisent à se frotter au risque, à l'erreur et à l'aventure manuelle, tant de façons de revigorer, d'affirmer et d'assumer ce que les outils numériques nous ont parfois dérobés ― plaisir et curiosité. En travaillant à partir de supports modestes de seconde-main on reconnaît la vulnérabilité des matériaux mais on assume aussi leur histoire, leur préciosité et leur potentiel poétique. Chemin-faisant, ces pas-de-côté permettent dans un deuxième temps de porter un nouveau regard sur des savoir-faire plus conventionnels en les rechargeant d'une possible dramaturgie.



Après une brève projection d'images narrant l'année passée nous nous sommes réunis autour d'une table présentant nos ouvrages ainsi que des livres référents qui nous ont accompagné tout au long du parcours.
D'ici, nous pouvions profiter d'une exposition-restitution des différents objets graphiques dessinés sur place dans la logique de notre charte (matériel récupéré sur place, seconde-main-fait-main, boîte à outil non-définitive, éléments mobiles et interchangeable, communication non-frontale mais imagée, exploration de nombreux supports aux positionnements variés...)


L'image portée ou comment ne pas s'accrocher au mur en lui donnant l'espace nécessaire pour y voir aussi le geste.

Affiche flottante





Différents moyens numériques ont aussi été utilisés pour fabriquer du graphisme en prenant en considération le geste et le travail de la texture des affiches peintes à la main. En choisissant de créer des cartes ou un livre-brochure sur internet avec des outils très déterminés (papier glacé épais, basse-qualité d'impression et faible coût), je tentais de conserver la même spontanéité et le même degré d'expérimentation.