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L’affiche de la biennale de design graphique de Chaumont 2017




Nous avons dessiné une image pour Chaumont, une affiche pour un festival de design graphique. Nous l’avons imaginé pour des regards curieux, ceux des ami-e-s, pour Vincent, Jérémie, Catherine, Éric, Jean-Yves, Alexandra, pour les copines et copains qui viendront la voir de près ou pourront quand même l'apprécier de loin. Nous travaillons des affiches comme l’on prépare un festin, chacun y convie les idées du moment, les désirs de partage. Cela peut être politique, plastique, drôle, énervé, anecdotique, doux, amer, puis on prend le temps de travailler tout ça ensemble. Nous cherchons des ambiances, des odeurs graphiques. On espère que ça surprenne, qu'il y ait de l'émotion, une certaine liberté prolongeant par les formes la vivacité de nos mains et de nos têtes à travailler nos imaginaires.

Notre travail graphique n’est qu’une partie de nos aventures, des vies faites de rencontres, d'histoires, de lectures, d’images, de paysages, de musiques et de danses, une somme de choses qui façonnent notre épanouissement sans rogner sur le plaisir de l’instant présent. Cette affiche c'est un peu comme l'instantané d’un repas entre amis. Il y a des personnages qui se sont retrouvés autour d’une table, pour manger, discuter, faire une partie de cartes, répéter un spectacle, on n’en sait trop rien au final. Ils sont trois ou quatre, c’est déjà pas mal pour se sentir ensemble.

ll y a une table blanche, comme un début. Un âne partage ses carottes ou bien est-ce l'inverse. Un ou des monstres, des humains, des tâches, des traces, des objets, des formes incertaines. Tout cela participe à une dramaturgie. Que va-t-il va se jouer-là, se perdre, se trouver, se chercher? On se nourrit le corps et l'esprit? Puis la composition s’échappe et ouvre sur une fenêtre, et nous sommes ce soir-là particulièrement gâtés par un autre spectacle, cosmique. «Laisse-les regarder! Les animaux ne regardent qu'avec leurs yeux, nous, les humains, nous regardons avec notre folie.» (Wajdi Mouawad, Forêts)

De l’espace intergalactique, revenons à l’endroit du sens. Après Marie-José Mondzain et les nombreux-ses artistes qui nous nourrissent, nous aimons les formes au sens ouvert, flottant, qui nous proposent des lectures variées, qui nous embarquent et l’on ne sait jamais trop comment pourquoi vers où. Merde aux injonctions, aux propagandes, à la dialectique et à la sémiologie. On n’a jamais fait que vider les formes de tout intérêt vivifiant à vouloir courber leurs sens sous la logique des mots. Nous sommes entourés de toujours plus de visuels insipides et vulgaires, de ces slogans idiots, de ce langage de la publicité aussi violent et désincarné que le monde marchand et industriel qu’il promeut. Nous essayons de faire d’autres types d’images un peu comme nous essayons de déployer des pratiques à la marge du système capitaliste nauséabond. Voilà des formes, des signes, des couleurs, des motifs, appelons-ça cuisine ou poésie, voilà l’image à laquelle nous sommes arrivés en cette fin mars 2017, à force d’essais et d’échanges. Nous avons l'intuition qu'elle nous ressemble.

Et les mots!? Bim, des mots sont comme tombés sur notre composition, que font-ils là? «Pour échapper à la rigidité du point de vue qui a tendance à s’imposer comme étant le seul possible, il faut inventer des analogies et des comparaisons inédites, qui nous permettent de voir sous un nouveau jour, c’est-à-dire de recommencer à voir, les phénomènes apparemment les mieux connus.» (J. Bouveresse)

Joie d’offrir et, nous espérons sincèrement, plaisir de recevoir.

Les Formes Vives
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120x180 cm, 60x80 cm et 40x60 cm, quatre couleurs, imprimé chez Lézard graphique

Triple Zut — Pierre est parti.



Ton regard va nous manquer.

Pierre Bernard nous a quitté ce lundi 23 novembre, du haut de ses 73 ans de vie, bien remplie. C’est un ami que l’on perd, un complice précieux et sans doute le tout premier supporter de Formes Vives. Depuis nos débuts il était resté un fervent soutien, chaleureux et disponible.

Bien sûr on se souviendra d’images graphiques, qu'il a produit de ses mains, de son trait généreux et déterminé, une graphie reconnaissable entre mille autres par la franchise qui l’engageait «à dessein». Mais aussi toutes ces formes créées avec d’autres, qu’il a su accompagner de sa personne, de son œil critique, de sa culture, de son plaisir de faire. Une belle partie de cette œuvre semble inaltérable, gorgée d’une qualité qui la distingue tant des modes, des pseudo-bonnes recettes et de l’océan de merdes visuelles qui engloutit toujours plus notre environnement.

Vient cette vision d’une grande famille de créateurs prolifiques, celles et ceux qui ont collaboré ou simplement échangé un jour avec Pierre, avant de dessiner leurs propres routes. Une famille bien bigarrée, plein de fois recomposée, parfois déchirée, mais évidemment une famille aujourd’hui réunie par un même sentiment de tristesse. L’impression d’avoir perdu le noyau. Pierre, un drôle d’animal social, qui n’a cessé d’épauler et d’être épaulé à la fois, en s’entourant toujours avec attention. Tantôt tendre tantôt dur, des fois stratège, des fois maladroit, le plus souvent simplement généreux. Le communiste frondeur et poète. Celui à qui l’on doit beaucoup, sans avoir réussi à réprimer la pudeur ou à trouver le bon moment pour lui avouer, il est parti. Triple zut. J’ai aussi une pensée particulière vers Marsha Emanuel et tous ses proches.

On pourrait évoquer le Pierre-infatigable-agitateur, spectateur et acteur jamais repu, animateur crucial de la scène graphique depuis les années 1970, toujours curieux et intrigué par ses pairs créateurs et créatrices, d’ici ou d’ailleurs. Pierre était également militant politique, éclairé, voué à la construction du bien commun, de l’intérêt public. Son investissement dans une succession d’activités débordait amplement du travail de commandes graphiques. Pas de retraite chez Pierre-le-battant, malgré les embûches, les désillusions, les temps qui changent, seule la foutue maladie aura eu raison de cette détermination. J’espère bien que ses convictions continueront d’inspirer les faiseurs d’images d’aujourd’hui et de demain.

Mais avant tout, pour moi, Pierre c’était l’immense finesse d’un regard conjuguée à un humanisme ardent. Un regard unique, aiguisé, précis, attaché au sens et à la qualité plastique de tout ce qui pouvait lui passer sous les yeux. Un regard éveillé au près de Tomaszewski et depuis toujours gardé alerte, sans cesse enrichi, nourri par les créations de son temps. Un regard pour servir cette ambition passionnément moderne : participer toujours et encore à des créations et des aventures «élitaires pour tous». Un Apollon dans la démocratie.

Ton humanité va me manquer.



Peut-être est-ce le moment de relire quelques uns de ses mots, lui avec qui il était si agréable de papoter et débattre.
«La création graphique en France existe», Étapes n°120, mai 2005.
Allocution donnée dans le cadre de la remise du prix Erasme, 2006.
«Un entretien avec Pierre Bernard», extrait de notre mémoire Citoyen-graphiste, 2008.
«L’image est un terrain de lutte permanent», un entretien à propos de la naissance de Grapus donné en 2013 à Xavier de Jarcy de Télérama, publié cette semaine.



Je vous invite aussi à lire Apollon dans la démocratie de Walter Gropius, un de ses livres fétiches. J’ai deux exemplaires à la maison, je peux les prêter.
Et puis n’oubliez pas de lire Le Monde Diplomatique, son journal préféré!

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Article11, douzième missile!



Après un retour en fanfare — et petits changements — en mars dernier, Article11 vient de ressortir, couverture maison, 40 grandes pages, du bleu par-ci et de la couleur par-là, mises en pages facétieuses et léchées, un contenu costaud dont le sommairement, en quatrième de couverture, donne un avant-goût :
Dans ce pétaradant 12e numéro, on visitera une usine autogérée argentine qui a su faire la nique à son patron voyou ; on croisera la route de «Giacu», camarade imaginaire du Val de Suse ; on filera un coup de main maladroit aux joyeux défricheurs de la ferme de l’Oseraie ; on évoquera la folie boursière et l’âcre sueur des traders ; on sortira nos masques de chimpanzé pour dire non à la vie synthétique ; on apprendra comment Israël réinvente la guerre en Palestine ; on reviendra dans les territoires occupés, un film sous le bras ; on saluera — une fois n’est pas coutume — la courageuse action de théologiens catholiques en Amérique latine ; on revisitera la Révolution française à l’aune de ses enseignements féministes ; et on se fadera joyeusement la lecture de croustillantes chroniques de société, de passionnants aperçus historiques et de belles envolées littéraires ; quant aux images elles rythmeront avec allégresse notre lecture, peut-être finiront-elles découpées et punaisées? — puis on ira tous guincher comme des damnés en brandissant nos poings bleus ; twist & shout.



Vous l’aurez compris, ce n’est pas Le journal de Mickey ici. Mais on a dans le coffre de quoi ravir aussi les amateurs d’images! Avec pour commencer une certaine fidélité via une poignée de contributeurs-trices sur-motivé-e-s. Ce qui nous donne… Gala Vanson et Baptiste Alchourroun en artilleurs-illustrateurs ; Hector de la Vallée en tireur isolé ; Quentin Bodin & Jil Daniel, Fanette Mellier & Grégoire Romanet, Élise Tchoukriel, David Poullard, Pierre di Sciullo, Martha Salimbeni, Sébastien Marchal et nous-mêmes en poilus du papillon recto-verso.

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Nouvelles du front, de Marseille à Brest



Marseille, du côté de la Friche La Belle de Mai. Le temps de descendre du train, de remonter le vélo (aucun train Paris-Lyon, Paris-Avignon, Paris-Marseille… n’accepte les vélos non démontés/rangés dans des housses, c’est une honte) et avec Abi et Julien nous filons voir l’exposition Paranorama du Dernier cri, dernier jour avant sa clôture. Avec des travaux de Rémi, Goyon et Moolinex.



Les affiches — faites main — de Moolinex sont juste superbes. Mais l’ensemble de cette exposition était remarquable, truffée de choses variées et certaines très drôles.



Marseille toujours, ville que je connais trop peu et qui m’attire tant. Le soleil d’avril fait déjà bien roussir les peaux.

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Book bloc à Rome

Pour ceux qui ne suivraient pas l’actualité, après les manifestations des étudiants anglais s’opposant à l’augmentation dégueulasse des frais d’inscriptions aux facultés, c’est à Rome qu’ont éclatées hier de chaudes manifestations après la réélection (à trois voix près) du vulgaire et néfaste Silvio Berlusconi à la présidence du Conseil (grâce à l'achat de voix de députés, mais ça c'est une autre histoire me direz vous…). On peut voir ça ici ou (merci à JBB pour les liens).



Et voilà qu'apparait en tête de cortège cet étonnant «book bloc». L’idée est excellente : se parer de boucliers pour aller en découdre avec les «gardiens de l’ordre» mais en y mettant la forme, en déguisant ces protections en couvertures de livres «piliers» pour la pensée du mouvement. Voilà peut-être comment on peut se battre avec ses idées.

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Un journal des citoyennes et citoyens à Chaumont — À propos

Un petit message en vitesse pour dire que nous participons à la 21e édition du festival de l'affiche et du graphisme de Chaumont, dans le cadre de La Fabrique.

Avec nos camarades Élise Tchoukriel, Geoffroy Pithon et Aurélien Thibaudeau, nous avons proposé de mettre en œuvre une petite expérimentation à propos du «journal de ville» (vous savez ces magazines édités par les collectivités, soi-disant apolitiques parce que les pages politiques sont à la fin, soi-disant généreux parce que gratuits, qui vous arrivent régulièrement dans la boîte aux lettres et qui généralement finissent très vite aux ordures)… bref, c'est un sujet qui nous intéresse depuis Citoyen-graphiste et à propos duquel nous commençons sérieusement à vouloir avancer des propositions.

L'hypothèse que nous développerons à Chaumont est qu'un journal de ville pourrait agir sur la vie de la cité et mettre en acte une démocratie directe, tout en ne restant qu'une prolongation spontanée de ce qui forme une ville — sa vie, ses habitants, sa culture — plutôt qu'un outil de communication tiède au service de professionnels de la politique (qu'ils soient représentants ou prestataires). Nous imaginons un journal qui fonctionnerait de manière autonome, avec un cercle de rédacteurs bénévoles engagés et d'autres plus sporadiques, un journal sans directeur ni rédacteur-en-chef ni maquettiste, seulement avec l'appui logistique de la mairie.

L'espace de la Fabrique nous servira de lieu de travail (la semaine prochaine) pour produire mille exemplaires d'un numéro zéro (si tout se passe bien!), que nous diffuserons en fin de semaine dans les rues de la ville aux Chaumontaises et Chaumontais. Après quoi, pour l'exposition à proprement parlé, nous présenterons ce lieu de travail laissé en l'état — une sorte d'instantané de la vie de cet atelier d'éditeurs, journalistes et graphistes amateurs.

Nous serons présents pour le weekend d'ouverture (29 et 30 mai) à la Fabrique pour rencontrer nos lecteurs et autres curieux visiteurs. C'est rue Decomble (derrière la gare de Chaumont, pas très loin des Subsistances, dans les locaux de l'usine Tisza textil packaging).

La vie sociale des images



Les internautes s'intéressant aux problématiques liées à l'image se sont sans doute tous déjà arrêtés sur celui, très vivant, du chercheur André Gunthert — Actualités de la recherche en histoire visuelle.
Toujours dans le cadre du Laboratoire d'histoire visuelle contemporaine (LHVIC), organe de l'EHESS, Gunthert a mis un terme à son premier blog en novembre 2009 pour ouvrir et participer à une plateforme collective et par là plus ambitieuse. Le site Culture Visuelle.
Ce site réunit en son sein plusieurs blogs individuels (dont le «nouveau» de Gunthert), la page d'accueil permettant de relever les derniers articles (tous auteurs confondus).



Le blog du sociologue Sylvain Maresca a particulièrement retenu notre attention, avec la publication de son livre La vie sociale des images. «Cet ouvrage à vocation pédagogique est le fruit de nombreux cours que j’ai donnés à l’Université de Nantes, à des étudiants en formation initiale de sociologie ou d’information-communication, mais également à des personnes inscrites dans des cours de l’Université permanente.» Vous en saurez plus via l'article d'introduction.
La table des matières vous permettra de vous y retrouver facilement (tous les chapitres n'ont pas encore été publiés).
Nous vous recommandons vivement le chapitre 10 — L'intrusion des images dans la vie quotidienne. Éléments d'histoire récente.



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La dialectique peut-elle casser des briques?

Un titre quelque peu étrange pour un film d'arts martiaux.

«Le premier film entièrement détourné de l'histoire du cinéma» est l'œuvre d'un situationniste, René Vienet, et il date de 1973. Le film original est un banal divertissement chinois «dans lequel des pratiquants de taekwondo coréens s'opposent à des oppresseurs japonais», selon Wikipédia.
Mais cela vous n'êtes pas sensés le savoir, car le film une fois détourné est une fresque révolutionnaire où d'ardents prolétaires affrontent courageusement les bureaucrates, maniant la dialectique et la subjectivité radicale avec une efficacité que leurs oppresseurs vont avoir du mal à contrer bien longtemps...
Pour ma part j'ai trouvé ça très drôle et ne peux que le recommander, mais vous connaissez ma subjectivité ;-)

Le film peut se voir sur UBU, sur Dailymotion (en plusieurs parties), mais le mieux c'est encore de le télécharger sur ce site à trésors : Acte-gratuit.net.
Le film est à prendre là
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«Et maintenant voilà comment pépé qui roule n'amasse pas mousse mais se farcit du bureaucrate à coup de boule.»

Ticket chic ticket choc

En 1981 est confié à l'agence Ecom (groupe Havas) la tâche de faire décoller la RATP. L'agence de publicité va faire subir un tournant radical à l'entreprise publique de transport et la campagne va connaitre un franc succès.

Jusque là, les campagnes d'affichages vantaient les qualités réelles de l'entreprise (notamment face à la voiture) mais cela ne semblait plus suffire pour attirer d'avantage les parisiens. On a alors recherché un effet de mode et ainsi est créée une image forte et originale mettant en avant le ticket jaune et sa bande marron. On a créé une image de «marque» pensant que l'image d'une institution publique ne pouvait revendiquer le dynamisme nécessaire.

Cette réussite est sans doute, en partie, à l'origine de ce qui fait la médiocrité actuelle de la communication des institutions publiques qui se sont rabattues sans moufter sur le modèle de la publicité commerciale – c'est sans doute pire car en dépensant des sommes colossales elles doivent être persuadées d'être «en avance».

Quand j'emploie la terme de «médiocrité» ce n'est pas pour juger de la qualité visuelle des images produites mais pour souligner la confusion faite entre les usagers et les consommateurs que ce type de communication implique. On s'adresse à nous pour nous vendre quelque chose alors même que la raison première d'un service public en France devrait être d'améliorer notre qualité de vie. Ainsi, une entreprise publique devrait s'adresser à ses usagers comme à des citadins, des habitants de l'espace public et à fortiori des citoyens. Jean-Pierre Grunfeld utilise à ce sujet le terme de «citadin-citoyen».

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The Normality Issue

Le film écrit et réalisé par Jean Jullien est achevé!
Cinq extraits sont à visionner sur son site.


Le synopsis que fait Jean de son film a, par sa taille, valeur de mystère : le film de 50 minutes «raconte l'histoire d'un garçon qui se réveille un matin avec un bras en papier». L'appétit ne vient pas en mangeant mais en regardant et nous voilà spectateurs de ce qui s'annonce être une belle friandise.

On entre via ce premier film dans l'univers visuel de Jean qui avec la vidéo se met à bouger, doucement, presque timidement, passe du plan plat des images graphiques à l'espace, au volume, au temps et au son, le tout si bien «ré-aplati» en images pour en faire son cinéma.

Le générique c'est un peu la première étape, la première transformation que fait subir Jean à son travail, dans une fausse naïveté qu'on lui connaît. On vient se décoller, tourner, ramper autour de modestes papiers. Immédiatement avec les images c'est la musique qui arrive ; elle sera d'une façon abstraite le narrateur pétaradant de tout le film.
Arrive-t-on à un film musical, un clip? Non sans doute pas, mais la musique, très volontaire, rend le plaisir du spectateur tout à fait dépendant. Du contraste entre ces compositions électroniques rythmées et la caméra attendrie de Jean né une mécanique toute fruitée. C'est un peu le même contraste que l'on peut voir au sein même des images entre les éléments simples et colorés qui s'emparent du premier plan et de l'action tandis que l'environnement londonien, le décor, reste flegme, lugubre. Nous voilà immergé dans l'œil de Jean sur son monde, dans sa poésie sympathiquement dégingandée.

Le film revendique sa légèreté. On peut dès lors se bousculer pour y trouver des significations complexes, y recomposer l'Illiade et l'Odyssée, espérer y trouver des énigmes, mais on aura beau tout retourner que ce film restera un petit espace de plaisir. Sans doute que Jean a construit son histoire en métaphores. Sans doute la confusion a régné bien des fois. Mais émerge de ces longs mois de travail une simplicité non fallacieuse que l'on aimerait idéalement trouver dans le cinéma populaire.

Dans le cinquième et dernier extrait on peut voir une course poursuite, caricature d'elle-même, qui aboutit nécessairement pour une coupure au «bon moment», au moment où on ne sait rien mais où savoir n'a jamais été autant nécessaire.
Ainsi on reste sur notre faim. Une projection sera prochainement donnée à Londres, quant à Paris on attend impatient la visite de Jean!

La musique est signée de Niwouinwouin, il y a des photos «making-of» à trouver sur le site de Jean Jullien et pour le reste vous pouvez toujours contacter Jean.