10 avril 2008 — Un panneau d’affichage municipal

Le monde du mobilier urbain est impénétrable

Dans ma rue, Maurice Thorez, entre l’ancienne gendarmerie en brique rouge désaffectée et l’école primaire avec son extension en pré-fabriqué, il y a un panneau d’affichage.
Un bien étrange panneau d’affichage en vérité ; pas d’indication de sa fonction, de son appartenance, il est là, planté, en travers de la rue. Il aurait été mis de travers qu’il n’aurait pas obstrué la voie, mais les règles urbanistiques sont bel et bien obscures pour le quidam.
Coupant le passage, il crée ainsi un mur et un espace. Celui-ci devient à l’occasion un emplacement à débarras d’objets encombrants. Il participe du désordre urbain que par ailleurs la Mairie tente, par voie d’affichage (c’est le comble), de proscrire.
Comme il est dans une ville périphérique, ou pour mieux le dire, une « banlieue », et bien, il y a au pied gauche du panneau un cadenas, relique d’une propriété privée.
On en déduit, à la nudité du panneau, que l’objet n’est pas commercial. L’état de la vitre laisserait à penser que celui-ci est abandonné : l’affichage n’étant pas si daté, deux-trois mois tout au plus, l’abandon est une piste à écarter. Les affiches siglées Ivry laissent à penser que la Mairie est dans le coup. Ce panneau n’est pas investit par les associations qui lui préfèrent les panneaux d’affichage libre. Sa vitre indique qu’il s’agit d’un affichage d’usage strictement municipal vu qu’il est impossible d’y mettre une affiche sans les clés que doivent détenir les services techniques. Bien que je n’en suis pas si sûr, il semble bien qu’il s’agisse « d’un support d’affichage d’opinions et publicités relatives aux activités des associations sans but lucratif » – à Paris j’ai également vu de tels panneaux sous verre aux multiples affiches d’associations locales.

Voici ce qu’on peut lire dans l’article R581-2, issu du Code de l’environnement, protection du cadre de vie [sic], publicité, enseignes et préenseignes :
« La surface minimale que chaque commune doit, en vertu des dispositions du deuxième alinéa de l’article L581-13, réserver à l’affichage d’opinion et à la publicité relative aux activités des associations sans but lucratif est la suivante :
— 4 mètres carrés pour les communes de moins de 2.000 habitants ;
— 4 mètres carrés plus 2 mètres carrés par tranche de 2.000 habitants au-delà de 2.000 habitants, pour les communes de 2.000 à 10.000 habitants ;
— 12 mètres carrés plus 5 mètres carrés par tranche de 10.000 habitants au-delà de 10.000 habitants, pour les autres communes. »



Mais que voit-on ?
Au deuxième plan, derrière la vitre : une affiche 40 par 60 quadri, six affichettes A3 noir et blanc dont une sur papier couleur. L’accrochage interne, sous-verre, se fait par de gros aimants ronds bleus ou des aimants rectangulaires noirs. Le panneau est donc en métal. Il n’est pas tout jeune. Le ruban adhésif est aussi utilisé parfois, même avec les aimants.
Les feuilles accrochées sont là depuis un certain temps, elles ont bien gondolé. Deux d’entre elles sont affublées du logo de la Ville, l’affiche pour sa part a le logo de la République.
Au premier plan, sur la vitre : des inscriptions au marqueur et à la bombe de peinture, des autocollants dont quelques uns sont en partie arrachés.
Ceci montre l’attention que la Mairie porte aux informations dont elle doit pourtant garantir un bon accès à ses habitants.

Si une des conditions à une démocratie effective est la liberté d’expression, les moyens sont bien gardés.